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Il faut libérer les prisons…

La chronique d’Eric BOCQUET - 2 février 2018

La crise profonde qui a secoué ces dernières semaines l’ensemble des prisons de notre pays est une nouvelle illustration concrète de l’idée selon laquelle l’austérité ne peut pas être un mode de gestion efficace de notre société.

Je me suis rendu le lundi 20 janvier dernier devant les portes de la maison d’arrêt de Sequedin où se tenait un piquet de grève d’un très grand nombre de surveillants. L’occasion de quelques échanges rapides avec les représentants syndicaux : insuffisance des effectifs, surpopulation carcérale (500 places pour 800 détenus), assumer ses missions la peur au ventre, violence croissante… voilà le lot quotidien du personnel pénitentiaire.

Dégradation récente ? Pas du tout. J’avais eu l’occasion de visiter l’établissement le 28 février 2013, puis celui de Dunkerque les 3 mai 2012 et 30 juillet 2013, j’avais, suite à ces rencontres, adressé des courriers aux Gardes des Sceaux de l’époque qui déjà avaient dit que la plus grande attention serait portée à la situation particulière de ces établissements. Mais quand vient la loi de finances, le budget, les dogmes libéraux de la réduction de la dépense publique reviennent au galop, l’austérité perdure et les moyens humains ne suivent pas.

Autre courrier au sujet de la prison de Longuenesse le 3 mai 2015, visite de celle d’Annoeullin en 2014, toujours le même constat. Alors je me suis replongé dans un rapport d’information du Sénat de juillet 2012, dont les co-rapporteurs étaient Jean-René Lecerf, on connaît, et de notre ex-collègue et camarade Nicole Borvo-Cohen-Seat, alors Présidente de notre groupe au Sénat. A la page 10 dudit rapport, on pointe l’insuffisance des moyens, 66 915 détenus au 1er juin 2012 contre 64 971 un an plus tôt (ils étaient 69 077 au 1er février 2017 !). Le rapport fait également état de l’insatisfaction persistante des personnels pénitentiaires, la mise en œuvre problématique des fouilles. On cite aussi l’objectif fixé pour le nombre de places à l’horizon 2017, 80 000 ! Mais chacun sait bien que l’horizon est une ligne imaginaire qui s’éloigne à mesure que l’on avance et donc que l’on n’atteint jamais. Une phrase optimiste en fin de rapport, l’augmentation de la population carcérale n’est pas une fatalité… Très bien.

Aujourd’hui ce sont les personnels des EHPAD qui sont en grève. Oui, libérons tous ces gens de l’austérité !

Retrouvez la chronique d’Eric Bocquet chaque semaine dans Liberté Hebdo

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