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La France pauvre

La chronique d'Eric Bocquet - Vendredi 19 octobre 2018

En l’an II de la Macronie, Jupiter s’engagea à lutter contre la pauvreté après une première année très active au cours de laquelle il s’est employé à bien servir les premiers de cordée de la société.

Mais la réalité est têtue, la pauvreté s’accroche, s’aggrave et elle est l’une des inégalités les plus visibles.

Entre 2006 et 2016, le nombre de pauvres en France a augmenté de 630 000 alors que la richesse sur la même période s’est accrue de 7%, soit de 170 milliards.

Le travail réalisé par l’Observatoire des inégalités, paru récemment, nous permet d’accéder à des données extrêmement intéressantes. L’évolution du phénomène est suivie par cet observatoire depuis quinze ans maintenant.

La société française souffre de cette situation mais elle souffre aussi de l’écart persistant entre les discours et les actes, des promesses non tenues, et voilà qu’aujourd’hui on nous dit qu’un « pognon de dingue » est dépensé pour tenter d’éradiquer ce fléau. Inacceptable dans ce pays, comme partout ailleurs.

Dans ce domaine comme dans beaucoup d’autres, les plans se succèdent et n’ont jamais eu beaucoup d’impact. Ils ont, en général, servi aux gouvernements à communiquer, à montrer à l’opinion que l’on s’occupe du problème et que l’on agit. Mais la vie ne change pas.

Le plan anti-pauvreté du gouvernement qui devait être présenté en juillet 2018 n’a été révélé qu’en septembre dernier et certaines de ses mesures devront attendre 2020 pour être appliquées. La pauvreté peut attendre, contrairement aux assujettis à l’ISF qui croulaient sous l’insupportable fardeau fiscal !

Quelques éléments chiffrés ici. Le montant du RSA socle (hors forfait logement) est de 485 euros, le minimum vieillesse à 833 euros, il concerne 560 500 personnes. L’allocation adulte handicapé est à 819 euros pour 1 090 300 personnes. On retient aussi de cette étude que le travail n’est même pas une garantie contre la pauvreté. Ce que l’on gardera en tête enfin, et c’est très important, c’est que la pauvreté ne frappe pas au hasard, aucune fatalité.

C’est pour cela qu’il faut défendre et conforter notre modèle social sans lequel la situation serait pire encore, rappelons en effet que les prestations sociales versées permettent à plus de 5 millions de personnes d’échapper à la pauvreté.

Vive la sociale !

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