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La lutte des « Carrefour », carrefour des luttes

La chronique d’Eric Bocquet - 6 avril 2018

L’histoire ne se répète jamais, on dit parfois qu’elle bégaye. On évoque souvent, ces temps-ci, un certain Mai 68, un mouvement social ne se décrète pas mais il est clair que ce printemps 2018 ne manque pas de luttes.

Ce matin, en ce samedi de Pâques, nous décidons, avec Pierre et Arnaud, deux camarades de la section PCF d’Armentières, d’aller à la rencontre des salariés de l’hypermarché Carrefour de Lomme, dans la métropole lilloise. Une journée de mobilisation forte dans un secteur d’activité plutôt calme en matière de luttes sociales. Les responsables syndicaux nous indiquent que 80% des salariés du site sont en grève, la direction n’a pas pu ouvrir le magasin.

Le groupe Carrefour, ce sont 115 000 salariés, la direction a annoncé 2 400 suppressions de postes et la fermeture de 273 magasins sur le territoire. Les salariés ont eu connaissance de ces décisions par voie de presse, incroyable ! La goutte d’eau a été l’annonce de la réduction de la participation versée aux salariés de 610 euros en 2016 à 57 euros en 2017. La moitié du chiffre d’affaires du groupe est réalisé en France pour un montant de 88 milliards d’euros, les dividendes versés aux actionnaires au titre de 2017 sont restés à un très haut niveau, 345 millions d’euros.

Le tract distribué aux clients ce matin-là apportent ces informations et évoquent l’idée « d’une autre répartition des richesses ». Nous sommes bien là au cœur du vrai débat politique dans cette société.

Carrefour a aussi des comptes à rendre, 400 millions d’euros d’aides publiques avec le CICE ou les exonérations de cotisations accordées en principe pour défendre et développer l’emploi. Au capital du groupe, figure M. Bernard Arnaud qui détient 9% des parts, il est, rappelons-le, la 4ème fortune du monde.

Oui le cas de Carrefour est un cas d’école. Il y a d’abord des comptes à demander sur l’utilisation du CICE dans cette entreprise, un syndicat a aussi demandé une année blanche pour le versement des dividendes, le temps que la lumière soit faite sur le CICE ne doit-on pas exiger un moratoire sur les fermetures déjà annoncées pour juillet 2018 ?

Au moment où les élus locaux constatent la disparition des commerces locaux dans les centres villes ou dans les villages, au moment où l’Etat annonce un plan de 5 milliards pour redynamiser le commerce local, Carrefour doit être un acteur engagé. Les salariés s’adressant à leurs clients nous montrent la voie, nous les soutenons et interviendrons sur ces sujets.

Oui la lutte des Carrefour est la nôtre aussi, au croisement de toutes les autres luttes !

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