J’ai assisté la semaine dernière à l’hommage national rendu à Missak et Mélinée Manouchian, leur entrée au Panthéon fut un événement grandiose, osons le mot.

La remontée des deux cercueils de la rue Soufflot qui mène au « Temple laïc », sous une pluie battante et les applaudissements d’un public nombreux. Une émotion véritable à chaque arrêt du cortège, des chants, des textes, de la musique. Un scénario millimétré. Ces images projetées au fronton du Panthéon, les combats de Manouchian, le récit de sa vie, son choix de la France, sa passion pour la poésie, nos grands auteurs.

Une interprétation magistrale de « L’Affiche rouge » par le groupe « Feu ! Chatterton » : « Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant […] Vingt et trois qui criaient la France en s’abattant ». Louis Aragon, présent à travers ce poème, que d’immenses artistes ont chanté : Léo Ferré, Bernard Lavilliers, d’autres encore.

Nous étions là à quelques mètres des deux cercueils, déposés sous l’immense coupole, un silence lourd, les yeux embrumés, les souvenirs de tous ces camarades, nos camarades héritiers et héritières de Missak et Mélinée, quelle fierté !

Le discours du Président de la République fut exceptionnel. Les mots d’Aragon encore : « Est-ce ainsi que les hommes vivent ? », l’évocation de la résistance communiste, de l’idéal communiste au cœur du Panthéon.

A la fin, cette phrase : « L’ordre de la nuit est désormais complet ». Ils sont nombreux, ceux qui se sont battus pour que ce jour advienne. Avec un tel discours en hommage à l’immigré Manouchian, nous étions aux antipodes de la sinistre loi immigration que ce gouvernement et ce Président ont fait voter.

Quelle gifle cette formule, « Français de préférence » aux oreilles de l’extrême-droite présente, celle qui prône la « préférence nationale ». Manouchian fut assassiné par la police française, la police de Pétain. Pétain jamais condamné par vous, Madame, vous avez quitté la cérémonie très rapidement, vous n’y aviez pas votre place.