Chroniques

Alors, prêts au décollage ?

La chronique d'Eric Bocquet - Vendredi 23 août 2019

Il y a certainement un sujet qui va devoir toutes et tous nous mobiliser dans les semaines et les mois qui viennent. Je veux parler du projet de privatisation d’ADP (ex-Aéroports de Paris) par le gouvernement d’Emmanuel Macron.

Chacun se souvient ici de la bataille victorieuse menée au Sénat contre la loi PACTE qui contenait cette disposition. Un rassemblement inédit s’est constitué dans l’hémicycle, des Républicains aux communistes, pour s’opposer à cette privatisation. Et pourtant, c’est peu dire que Bruno Le Maire a mouillé la chemise dans le débat, rien n’y fit.

Depuis ce rejet par le Sénat, 248 parlementaires de diverses sensibilités ont lancé une initiative afin qu’un référendum national soit organisé permettant à tous les Français de s’exprimer. En juin, l’initiative a été validée par le Conseil Constitutionnel. Il faut désormais rassembler 10% de l’électorat afin que ce référendum puisse avoir lieu, soit un peu plus de 4.7 millions de signatures.

Le site officiel ouvert en juin en a comptabilisé un peu plus de 600 000. C’est un bon départ mais nous sommes très loin du compte. C’est pourquoi, après cette période estivale, la mobilisation doit être générale pour collecter les signatures.

Pourquoi faut-il s’opposer à cette privatisation ? ADP, où l’Etat est actionnaire majoritaire, est une entreprise qui marche, elle a rapporté 173 millions d’euros de dividendes l’an dernier. Ce projet est purement de nature idéologique, il s’agit de laisser toujours plus de place au sacro-saint marché et aux actionnaires privés.

Le Président de la République, lors de sa présentation des voeux le 31 décembre 2018 déclarait : « La capitalisme ultra-libéral et financier, trop souvent guidé par le court terme et l’avidité de quelques-uns… ». Un an auparavant, il avait désigné la Bank of America, Merryl Lynch, pour mener cette opération de privatisation. M. Macron est un peu schizophrène. Les aéroports du monde sont publics à 86 % et dans les 6 meilleurs mondiaux, 5 sont publics. Roissy-Charles de Gaulle accueillera 120 millions de passagers en 2023, il sera le premier aéroport européen.

Après le fiasco de la privatisation des autoroutes en 2006, M. Macron ne tire pas les leçons du passé, c’est toujours le marché qui l’inspire, il en est un serviteur zélé.

Il nous faut mener une campagne du niveau de celle de 2005 sur le Traité Européen, la victoire est à notre portée contre ce choix foncièrement libéral. Organisons les rendez-vous, Malo, la Braderie, l’Huma, les quartiers, les entreprises…

Franchement, nous pouvons vivre un grand moment politique !

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