Questions au gouvernement

Question d'actualité au Gouvernement

Eric Bocquet interpelle le Gouvernement sur la menace qui pèse sur l’usine Renault de Maubeuge

Ce mercredi 3 juin 2020, au cours des Questions d’actualité au Gouvernement, Eric Bocquet a interpellé le Gouvernement, au nom du groupe CRCE, sur la situation de l’usine Renault de Maubeuge, menacée de fermeture dans le plan de restructuration du constructeur automobile.

Question d’Eric Bocquet

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mes chers collègues,

Ma question s’adresse à Madame la Secrétaire d’Etat auprès du Ministre de l’Economie et des Finances.

Le groupe automobile Renault vient d’annoncer la suppression de 4 600 emplois dans notre pays. Bien au-delà des effets de la pandémie en cours, nous payons là le choix des délocalisations massives vers des pays à bas coût, pratiquées ces deux dernières décennies.

Les menaces pesant sur l’avenir de certains sites suscitent, on l’a constaté, d’énormes inquiétudes dans les territoires concernés. Maubeuge, malgré les annonces récentes mais sans réelles garanties au-delà de 2023, Choisy-le-Roi, Flins, Caudan ou encore Dieppe…

Le chiffre d’affaires de Renault fut de 55 milliards d’euros en 2019. L’Etat actionnaire a annoncé l’octroi d’une garantie publique de 5 milliards d’euros.

Monsieur Jean-Dominique Senard, Président de l’Alliance Renault-Nissan- Mitsubishi, déclarait sur France Info lundi soir que cette garantie ne s’accompagnait pas de, je cite, « de contraintes difficiles ».

Madame la Ministre, quelles contraintes allez-vous imposer au groupe Renault ?

Réponse de Madame Agnès Pannier-Runacher, Secrétaire d’Etat auprès du Ministre de l’Economie et des Finances

Monsieur le Sénateur Bocquet,
Je sais votre attachement à Renault, vous êtes un élu du Nord. Le Nord c’est notamment Maubeuge, c’est notamment Douai, deux sites qui sont extrêmement importants. Et notamment Maubeuge qui est le site qui produit la Kangoo et qui est un des sites les plus productifs des sites français aujourd’hui, et pour lequel d’ailleurs Bruno Le Maire a réuni encore hier l’ensemble des organisations syndicales, les élus pour justement faire prendre des engagements à Renault. Et je rappelle qu’hier, le prêt garanti par l’Etat n’était pas encore signé, et ce sont ces engagements là que nous prenons en donnant cette garantie.

Jean-Dominique Senard a été très clair. La première chose, c’est que Renault est en grande difficulté. Je crois qu’autour de ces bancs, on peut tous s’accorder sur cette situation. Elle aborde la crise en difficulté, cela avait été indiqué au moment de l’annonce des résultats 2019, elle perdait beaucoup d’argent et elle continue à en perdre dans le cadre de la crise du Covid.
La deuxième chose, c’est que Renault fait un plan mondial de réduction des coûts. Ce plan, il concerne aussi la France, mais parmi d’autres pays. Le sujet n’est pas de délocaliser des productions, le sujet est de faire face à une diminution du nombre d’achats de voiture. Renault peut produire 5 millions de voitures, malheureusement elle n’en vendra peut-être que 3 millions, 3,2 millions, 3,4 millions cette année. On voit bien l’écart de production par rapport à ses capacités industrielles.
La troisième chose, c’est que Jean-Dominique Senard s’y est engagé, les suppressions d’emploi en France ont vocation à être des suppressions qui ne s’accompagneront pas de licenciements secs. C’est son engagement. Nous le suivrons de très près, c’est notre travail.

Enfin, s’agissant du site de Maubeuge, je veux dire ici que là encore il a pris des engagements fermes, visant à, en 2023, donner un avenir à ce site, à y continuer et à y maintenir des activités.

Dernier point, Renault s’est engagé à relocaliser les productions en France, notamment sur la traction électrique et à investir dans la batterie électrique, ce projet européen qui est si important pour notre industrie automobile.

Réplique d’Eric Bocquet

Madame la Secrétaire d’Etat,

Les sites de production des modèles Twingo, Clio et Dacia sont implantés en Turquie, en Roumanie et en Slovénie. Ces usines tournent 7 jours sur 7 et sont surchargées. Il faut décider de relocaliser la production de 300 000 de ces véhicules afin d’apporter de la commande aux sites de production de notre pays. Et dans le même temps, réorienter ces productions vers des modèles hybrides, électriques et thermiques à prix modiques, ceci aussi afin d’accélérer la transition énergétique. Et cela pose aussi en creux la question du pouvoir d’achat.

Personne ne comprendrait que l’argent public ne serve qu’à accompagner les suppressions d’emplois. Notre industrie automobile mérite un autre développement, un autre avenir et un engagement fort et déterminé de l’Etat actionnaire. Merci.

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