Auditions en commissions

Commission des Finances

Eric Bocquet interpelle le Président de la Cour des Comptes sur la dette française

Ce mercredi 26 juin 2019 avait lieu l’audition de M. Didier Migaud, Premier président de la Cour des Comptes, sur le rapport relatif à la situation et aux perspectives des finances publiques, en Commission des Finances au Sénat.

Eric Bocquet a souhaité l’interroger sur la dette française.

Merci Monsieur le Président,

Par esprit de solidarité, je vais écourter mon propos.

Je voudrais commencer par citer un rapport d’avril 2010 de Monsieur Paul Champsaur, qui était à l’époque Président de l’autorité de la statistique publique, et monsieur Jean-Philippe Cotis, qui était Directeur Général de l’Insee. Je vais citer quelques phrases du rapport en question, qui dit : « mais au-delà de la crise, c’est l’insuffisante maîtrise de nos comptes publics au cours des 30 dernières années qui est en cause. Alors qu’à la fin des années 70, nos finances publiques étaient encore parmi les plus saines, leur situation s’est ensuite dégradée comme en témoigne la montée ininterrompue du poids de la dette publique dans le PIB. Le présent rapport, qui porte sur les 30 dernières années, et les 10 prochaines, s’efforce de contribuer à la réflexion collective sur l’avenir de la finance publique.
La nécessité d’une bien meilleure maîtrise de la dépense, présente et à venir, y est mise en avant, qu’il s’agisse de l’Etat et plus encore, des collectivités locales et des régimes sociaux de secteur, où la trajectoire de la dépense apparait tout simplement insoutenable. »
Donc voilà les propos d’il y a 9 ans, on les réentend ce matin : appel à la vigilance, prudence, peu de marge de manœuvre, dépense publique, etc etc…
Je n’ai pas vraiment de question, j’ai une interrogation sur cette fameuse dette. Comment qualifieriez-vous les marchés financiers qui continuent à nous prêter de l’argent ? Un client à découvert va se rendre à la banque, il n’aura jamais de prêt s’il a un découvert. Nous, on est à découvert depuis 44 ans, et on continue à nous prêter sans difficulté, on emprunte à taux négatif. 0,56 le 17 juin dernier, sur le site de l’agence France Trésor, 4 892 millions à taux 0,56.
Alors, je ne suis pas en train de faire la cigale communiste à laquelle la fourmi libérale répliquera « oui c’est ça, la dette la dette, c’est pas un problème ». Non, mais il y a un sujet.
Donc expliquez-moi, parce que le Japon a une dette de 240%, et le Japon vit ; Les Etats-Unis 22 000 milliards, c’est pratiquement leur PIB, ils sont à 100% comme nous. Alors voilà, la comparaison entre Etats est parfois compliquée, et c’est pas toujours source de vérité, il faut nuancer les choses. Et l’Allemagne emprunte moins, c’est vrai, d’ailleurs les marchés financiers vont moins prêter à l’Allemagne, donc ils se précipitent à mon avis pour acheter la dette française qui est de la bonne dette.
Alors, quel est le problème ? Cette interrogation que j’ai souvent formulée et à laquelle je n’ai jamais eu vraiment de réponse, je ne sais pas si vous pouvez répondre là où vous êtes, mais pourquoi ces marchés financiers continuent-ils à nous prêter ? Sont-ils incompétents, irresponsables ou simplement philanthropes ?


Monsieur Migaud lui a ensuite répondu :

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