Chroniques

« C’est la valse brune… »

La chronique d’Eric Bocquet - 22 décembre 2017

« C’est la valse brune… »

A l’approche des fêtes de fin d’année me revient toujours en mémoire un souvenir particulier de mes années de jeunesse. Le concert du Nouvel An à Vienne dont ma mère n’aurait pour rien au monde manqué la retransmission à la télévision, ne pas déranger SVP je reviens dans deux heures. Ce souvenir en cette année 2017 prend un tour très particulier sachant les évolutions politiques nauséabondes que l’on constate en Autriche.

Des représentants de l’extrême droite viennent d’intégrer le gouvernement. Oui ce sont de bien inquiétantes « Valses brunes » qui nous sont proposées. Le jeune et sémillant chancelier conservateur Sebastian Kurz a donné 6 ministères sur 14 à l’extrême droite du FPÖ et, il faut malheureusement le constater, dans la quasi indifférence des leaders européens.

En 2000, les progrès de l’extrême droite avaient suscité des réactions assez vives, à l’époque Vienne avait été visée par des sanctions diplomatiques (suspension des relations bilatérales entre les 14 états membres et l’Autriche). Au contraire, le lundi 18 décembre, le Président du Conseil de l’Union européenne, Donald Tusk a adressé ce message au jeune leader du Parti Populaire Autrichien : « Je souhaite vous féliciter chaudement pour votre nomination comme chancelier fédéral de l’Autriche ».

Aujourd’hui, plus question de mises en garde, encore moins de sanctions. Et pourtant, quand on lit bien le programme du parti d’extrême droite (le FPÖ), un parti fondé par d’anciens nazis, il porte bien clairement un agenda raciste tandis que le parti conservateur a lui-même axé sa campagne sur l’objectif de fermer le pays aux réfugiés. Et l’extrême droite ne sera pas là pour faire de la figuration, ils ont décroché les ministères de l’Intérieur et les Affaires étrangères…

Le pays voisin, la Hongrie, n’est pas en reste, là aussi on chasse les migrants, certains de plus en plus nombreux tendent le bras et ça nous glace le sang, on repense aux grands meetings de la pire époque allemande, 1933 à Nüremberg.

L’extrême droite allemande marque elle aussi des points dans l’opinion, 12.6% des voix aux dernières élections de septembre, une percée historique depuis 1945. On ne parlera pas du FN chez nous, du UKIP au Royaume-Uni, du Vlaams Belang en Flandre belge, etc. L’histoire ne se répète jamais, mais…

« Homme, veillez » dit Julius Fu ?ik, écrivain communiste tchèque avant d’aller au supplice. Pour le concert de Noël à Vienne, nous aurons droit au grand classique du « Beau Danube bleu », ma mère adorait. Ce fleuve prend sa source en Allemagne, traverse l’Autriche puis la Hongrie, entre autres, il charrie cette année des eaux très brunes et se jette au bout dans… la mer Noire.

Hommes, veillez !

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