Chroniques

Chronique

La dernière guerre mondiale n’est pas finie…

La chronique d'Eric Bocquet - Vendredi 15 juin 2018

Lors de la dernière réunion de la Commission des Finances du Sénat, un sujet très intéressant fut abordé. D’ailleurs, on n’y parle pas que finances au sens strict, les sujets les plus divers peuvent y être évoqués. Cette fois, intervention d’un collègue, rapporteur spécial des crédits « Anciens combattants, mémoire et lien avec la nation ».

Le rapport du jour concernait la spoliation des avoirs juifs pendant les années d’occupation de 1940 à 1945. Ainsi donc plus de 73 ans après la fin des combats en Europe, il nous faut encore évoquer ce sujet terrible.

On se souvient tous qu’il fallut 50 ans pour que la responsabilité de la France soit reconnue dans la déportation et l’extermination de 76 000 juifs français, le fameux discours de Jacques Chirac, le 16 juillet 1995, sur le site du monument commémorant la Rafle du Vel’d’Hiv (16 et 17 juillet 1942).

Une commission spéciale pour l’indemnisation des victimes de spoliation fut créée en 1999. Un travail important fut mené dès la Libération, bien sûr, afin de faire le bilan des confiscations d’appartements, des blocages de comptes et du « vol » d’œuvres d’art… travail important mais incomplet.

Au lendemain de la guerre, 60 000 objets d’art sont revenus en France, 45 000 furent restitués aux victimes ou leurs descendants, 2 000 furent déposés dans des musées nationaux de récupération, 14 000 remis aux Domaines furent ensuite vendus ! Les Allemands, de leur côté, pensent qu’il y aurait 50 000 œuvres dans leurs musées nationaux.

Le rapporteur du jour indique qu’il n’y eut jamais d’indemnisation aux victimes pour les pertes de revenus liées aux interdictions professionnelles, décidées par les lois anti juives de l’Etat français de l’odieux Maréchal Pétain. On voit donc ainsi que notre pays n’a toujours pas évacué les stigmates de cet épisode noir de son histoire.

L’honneur de notre République serait de mener à bien les recherches en mettant en œuvre tous les moyens de notre temps pour aboutir. Il faut, de ce point de vue, renforcer les coopérations internationales avec les Etats concernés du monde, utiliser les moyens scientifiques modernes avec l’Internet pour répertorier et élucider tous les cas non réglés aujourd’hui. Les musées doivent aussi faire leur inventaire.

L’Etat a reconnu la responsabilité de Vichy dans ces exactions, ce fut un acte important, il convient désormais de prolonger cette décision… Le seul moyen de gagner complètement et définitivement la paix !

Imprimer cet article

En direct

Une question ?