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Le milieu associatif inquiet pour l’avenir de l’aide alimentaire : Eric Bocquet réagit

Alors que la pauvreté augmente dans le Nord et le Pas-de-Calais, l’Union européenne pourrait supprimer son Fonds d’aide alimentaire aux plus démunis, coupant les vivres aux quatre associations habilitées à la distribuer. Celles-ci tirent la sonnette d’alarme.
Eric Bocquet, co-auteur d’un rapport sur le sujet, a été interrogé par la Voix du Nord.

Ça ne passe pas. L’annonce de la suppression du Fonds européen d’aide aux plus démunis (FEAD) inquiète le monde associatif. « Ce fonds d’aide alimentaire est crucial, voir vital pour bon nombre de personnes en Europe, et dans notre région », écrivent les fédérations nordistes de la Banque alimentaire, de la Croix-rouge, des Restos du cœur et du Secours populaire dans un courrier aux élus de la région. Grâce à ce fonds européen, le Secours populaire est venu en aide à 297 000 personnes en 2018, rien que dans le département du Nord. En France, 5 millions de personnes ont recours à cette aide alimentaire.

Avec un financement à hauteur de 30 %, le FEAD est la principale source de revenu de ces quatre associations habilitées à distribuer l’aide alimentaire. L’an prochain, son montant pourrait être revu à la baisse. Suite à un vote à la Commission européenne, le FEAD pourrait être fondu dans une enveloppe qui engloberait toute la politique sociale européenne, le Fonds européen de solidarité (FES). « Le budget du fonds pourrait passer de 3,8 à 2 milliards d’euros pour la période 2020-2026. Une diminution de presque 50 % », indique Éric Bocquet, sénateur communiste du Nord, auteur d’un rapport sur l’aide alimentaire en France.

Plus d’obligation d’aide alimentaire

Sur les 500 millions d’euros que la France perçoit sur six ans, les quatre associations en touchent 106 millions. « La France risque de voir le montant de ses aides diminuer, et en plus on dira aux États « vous faites ce que vous voulez avec. » Ils ne seront plus obligés de fournir une aide alimentaire », s’inquiète Jean-Louis Callens, le secrétaire général de la fédération Nord du Secours populaire.

« Le modèle français de l’aide alimentaire est original puisqu’il s’appuie énormément sur les associations et le bénévolat », analyse Éric Bocquet. Ce qui explique selon lui pourquoi ces dernières ont raison d’être inquiètes. En 2014, déjà, l’action commune de ces quatre associations avait permis d’empêcher la diminution de la dotation du fonds.

Si la Commission Européenne vote la fusion du FEAD dans le FES, Jean-Louis Callens a un plan B : demander au gouvernement de sortir les 106 millions d’euros de l’enveloppe du FES qu’il recevra, pour les distribuer aux associations d’aide alimentaire. « Ça devrait aller pour la France, estime-t-il. Mais d’autres pays européens risquent de ne pas accepter. Comment feront les 34 millions d’Européens qui vivent dans une situation de pauvreté sévère ? »

Pour l’instant, les discussions sur le sujet sont en pause à la Commission européenne. Le vote, qui devait avoir lieu à la rentrée 2019, serait décalé à 2020.

L’article de Cécile Lemoine est à consulter sur le site de la Voix du Nord.

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