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Le sparadrap du capitaine Haddock

La chronique d'Eric Bocquet - 11 mai 2018

Tous les lecteurs des albums de Tintin se souviennent de cette scène fameuse dans « l’Affaire Tournesol », où le pauvre capitaine Haddock tente désespérément de décoller un sparadrap qui s’est fixé sur son doigt.

Le capitaine Haddock, aujourd’hui, c’est notre malheureux Président de la République qui ne parviendra décidément pas à se débarrasser du sparadrap de « Président des riches ».

Il faut dire qu’il fait tout ce qu’il peut pour mériter cette distinction, après la suppression de l’ISF, la création d’une « flat tax », c’est-à-dire un impôt à taux unique sur les dividendes, voilà qu’il annonce la suppression de « l’exit tax ». Qu’est-ce donc que cet impôt ? Un impôt créé par Nicolas Sarkozy en son temps afin de taxer les plus-values réalisées par les contribuables les plus aisés lorsqu’ils décident de transférer leur domicile fiscal à l’étranger, ceci afin d’échapper à l’imposition des plus-values réalisées lors de la cession de leur entreprise en France.

On parle d’un manque à gagner de 800 millions d’euros pour le budget de la République. Cette somme représente le double de ce que coûterait la revalorisation des retraites agricoles si elles étaient augmentées pour atteindre 85% du SMIC, une proposition de loi qui sera défendue par le groupe communiste au Sénat le 16 mai prochain.

Cette annonce n’a pas été faite aux parlementaires, ni à l’Assemblée Nationale, ni au Sénat, le Président a fait cette annonce à l’occasion d’une interview au magazine US « Forbes », qui se définit lui-même comme un outil du capitalisme, parution prévue fin mai avec, en plus, M. Macron en une, tout sourire, et ce titre : « leader of the free markets » (leader des marchés libres !). C’est une véritable consécration pour cet ancien de Rothschild, un an après son élection, franchement, Jupiter est très fort. Macron réaffirme son état d’esprit « pro business », sa volonté de réformer, son souhait d’avancer vite, trop vite sans doute…

Alors ça grogne en France. Un sondage récent indiquait que les électeurs de François Fillon se retrouvaient de plus en plus dans les choix politiques d’En Marche. Quelle surprise !

Nous assistons véritablement à une offensive sans précédent contre le modèle social français, au nom du marché, de la concurrence libre et non faussée gravée dans le marbre des Traités européens imposés aux peuples.

Je vous suggère, Monsieur le Président, de garder précieusement le sparadrap au cas où vous prendriez des coups sur la tête, virtuels bien sûr, nous sommes tous non violents !

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