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Lycée du Pays de Condé : lettre au Ministère de l’Education Nationale

Suite à l’annonce faite par le Rectorat sur la diminution de 114 heures de dotation horaire pour l’année 2018/2019 pour le Lycée du Pays de Condé, j’ai immédiatement interpellé Monsieur le Ministre de l’Education Nationale lui demandant s’il n’y a pas un autre signal à envoyer que la poursuite des suppressions de filières et des emplois d’enseignants.

Monsieur le Ministre,

Je souhaite attirer votre attention sur la situation de la SEP du Lycée du Pays de Condé dans le Nord, et plus généralement sur celle de l’enseignement professionnel dans notre pays.

Cet établissement, situé dans le Valenciennois, classé « sensible » est touché par une diminution de 114 heures de sa dotation horaire pour l’année 2018/2019. Concrètement cela se traduit par la fermeture de 5 demi- divisions de Bac pro en Gestion administrative, Maintenance et Electrotechnique et la suppression de 5 postes d’enseignants.

Cette décision apparait à plus d’un titre incompréhensible à la communauté enseignante, aux élèves.

Elle intervient, en effet, au moment où de grands groupes industriels, comme Toyota et Sevelnord pour ne citer qu’eux annoncent d’importants investissements et créations d’emplois qui vont accroître une demande déjà forte sur ce territoire en qualifications électrotechnique et maintenance.

Quand de nombreux chefs d’entreprises, professionnels se plaignent déjà de ne pas trouver de salariés suffisamment qualifiés pour répondre aux demandes, ne serait-il pas plus opportun de valoriser ces filières pour attirer plus de jeunes ?

Concernant la fermeture des demi-divisions. La Sep du Lycée du Pays de Condé est un établissement classé « sensible » qui accueille des élèves qui cumulent souvent de nombreuses difficultés y compris sociales. Les demi-divisions permettent un travail personnalisé, presque adapté à chacun, essentiel dans ces conditions. Les résultats obtenus le démontrent. Même si des formations analogues existent ailleurs dans d’autres établissements, les acteurs de terrain, les enseignants craignent à raison, que la distance, l’éloignement entre le domicile et le lycée ne soient un obstacle supplémentaire à la poursuite des études pour des jeunes issus de familles peu mobiles et en proie aux difficultés financières.

Enfin ce choix est justifié, en partie, par une prévision de 50 élèves en moins l’an prochain sur un effectif actuel de 687. Cette prévision ne tient pas compte des augmentations d’effectifs qui interviennent en cours d’année, consécutifs à des réorientations d’élèves de seconde générale vers la seconde professionnelle. A titre d’exemple la seconde Electrotechnique comptait 12 élèves à la rentrée 2017 et 22 en Janvier 2018.

Au-delà de cet exemple précis prédomine un sentiment de délaissement, d’abandon de la filière professionnelle, considérée à tort comme la voie de l’échec alors qu’elle peut au contraire mener sur la voie de la qualification pouvant déboucher sur un emploi. Quand chacun s’accorde à dire son importance majeure dans les besoins économiques du pays et des territoires, n’y a-t-il pas un autre signal à envoyer que la poursuite des suppressions de filières et des emplois d’enseignants ?

Persuadé que ce courrier retiendra toute votre attention,

Je vous prie de croire, Monsieur le Ministre, en l’assurance de ma haute considération.

Michelle GRÉAUME
Sénatrice du Nord

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