Chroniques

Ni « Robinson Crusoé », ni « Misanthrope »

La chronique d'Eric Bocquet - Vendredi 10 avril 2020

Un temps disponible pour la réflexion individuelle, l’introspection, la méditation mais aussi par souci d’équilibre, pour la distraction…

Au fond, très rapidement, les confinés que nous sommes devenus ont exprimé fortement le besoin d’autrui. Une prise de conscience nouvelle est progressivement apparue, depuis des années nombreux étaient ceux qui dénonçaient à juste titre l’individualisme croissant dans nos sociétés de l’argent-roi et de la compétition-reine. A tel point, que certains humains avaient tendance à rejeter le genre humain dans sa globalité. Devenant des adeptes de Jean-Jacques Rousseau qui dit dans « Les Confessions » : « Je prenais en quelque sorte congé de mon siècle et de mes contemporains et je faisais mes adieux au monde en me confinant dans cette île pour le reste de mes jours. » Ce choix faisait écho aux propos du « Misanthrope » de Molière au siècle précédent, Alceste déclarant : « Je veux qu’on me distingue et pour le trancher net, l’ami du genre humain n’est point du tout mon fait. »

Tel ne sera pas mes amis le choix des humanistes que nous ne renoncerons jamais à être. En effet, il y a chez beaucoup prise de conscience, l’être humain ne peut pas vivre tel Robinson Crusoé… L’hôpital qui accueille, soigne et sauve des vies, ce journal que vous pouvez lire, toutes ces personnes au travail et qui permettent à la société de tourner à peu près… assurant le minimum. Et puis, l’expression d’actions de solidarité manifestée sous les formes les plus diverses, paradoxalement cette crise sanitaire qui nous isole les uns et les autres génère un besoin irrépressible de vivre-ensemble, de faire-ensemble, d’échanger, de partager…

L’Homme est bien un animal social, beaucoup vont s’interroger, dès aujourd’hui et demain sur l’avenir de notre monde moderne, de notre société. D’aucuns évoquent déjà le « jour d’après » et s’y préparent, rien ne serait pire qu’un retour mécanique au « jour d’avant », repartir comme si rien ne s’était produit à l’échelle du monde.

Oui il faudra repenser le monde, poser ces questions fondamentales, que sont : la répartition de la richesse, l’égalité des droits, une Europe et un monde des coopérations, le développement des libertés, l’éradication définitive de la pauvreté, l’échec de l’austérité, une économie durable préservant notre planète.

Des générations avant nous ont lutté pour cet autre monde… avec et pour tous les humains !

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