À la tribune

Tribune - Question orale au Gouvernement

Violences faites aux femmes : les sénateurs se mobilisent pour y mettre fin au plus vite

Alors que le nombre de victimes de féminicides stagne depuis 2013, et pourrait même être plus élevé en 2019, les associations, les élus et la population se mobilisent pour que des dispositions soient prises pour protéger les femmes.

Pour la troisième fois depuis le début de son mandat, Michelle Gréaume va interpeller le Gouvernement sur la lutte contre les violences faites aux femmes, érigée en grande cause du quinquennat, et qui pourtant ne connait aucune amélioration lorsqu’il s’agit des féminicides. Ainsi, elle présentera prochainement une question orale au Gouvernement sur le sujet.

Michelle Gréaume attire l’attention de Mme la Secrétaire d’Etat sur les violences faites aux femmes, et particulièrement sur le nombre important de féminicides malheureusement recensés depuis le début de l’année 2019.

Le constat fait par les associations en 2018 était déjà accablant. 130 femmes sont tuées chaque année par leur conjoint ou ex-conjoint, un chiffre qui ne baisse pas depuis 2013. L’année en cours ne semble pas marquer d’exception, et laisse même craindre une nouvelle augmentation du nombre de victimes. Ces associations, qui ne supportent plus de tenir ce macabre décompte, de citer les noms de celles qui n’ont pas survécu, proposent des solutions pour agir vite et améliorer la prise en charge de ces femmes. Par exemple : l’enregistrement systématique des plaintes, la délivrance d’ordonnances de protection, l’ouverture de places d’hébergement d’urgence et l’attribution de fonds aux associations qui, seules, assurent la prise en charge et la protection des victimes de violence.

L’action contre les violences faites aux femmes, érigée en grande cause du quinquennat, nécessite des moyens conséquents, et un travail transversal des différents ministères concernés.

C’est pour cette raison qu’elle lui demande quelles mesures le Gouvernement compte enfin prendre à ce sujet.


En parallèle, à l’initiative de la sénatrice Annick Billon, Présidente de la délégation aux droits des femmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes, Michelle Gréaume et Eric Bocquet ont signé une tribune pour que le maximum soit fait pour empêcher les féminicides.


La presse en parle

Public Sénat a consacré un article à la tribune de la sénatrice Billon.


France 3 y a également consacré un article, le 10 juillet, alors que le Gouvernement a annoncé l’organisation d’un grenelle sur la question en septembre prochain.

15 sénateurs des Hauts-de-France signent une tribune pour renforcer la lutte contre les féminicides

Depuis le début de l’année 2019, 76 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint. Face à ce constat accablant, plus de 150 sénateurs français ont signé une tribune pour rappeler au gouvernement que la lutte contre les violences faites aux femmes a été déclarée grande cause du quinquennat.

Par Romane Idres et Eline Erzilbengoa
Publié le 10/07/2019

La tribune est parue le 5 juillet dans le journal Libération, comme un signal d’alarme tiré à l’unisson par près de la moitié des sénateurs français. Intitulé "Féminicides : où est la grande cause du quinquennat ?", le texte rappelle que "ces femmes tuées ne sont pas des statistiques".

Plus de moyens pour agir

Si ses auteurs reconnaissent quelques évolutions, ils regrettent le retard pris par la France dans la lutte contre ces violences. Ils demandent à l’État notamment de renforcer les effectifs dans les services de police et de gendarmerie ainsi que dans les tribunaux amenés à gérer ce types de situation. "Les plaintes prennent parfois du temps, dès qu’il y a une alerte, il faudrait qu’elle soit mise sur le haut du dossier", suggère Pascale Gruny, sénatrice LR de l’Aisne.

Les sénateurs préconisent également de créer des places d’hébergement d’urgence, et de soutenir financièrement les associations qui travaillent toute l’année à accompagner les victimes. "Il faut penser à ces femmes, au fait qu’elles doivent déménager de chez elles, parfois loin de leur domicile, qu’il y a souvent des enfants qui les accompagnent, et prendre en compte toutes les perturbations que cela engendre", alerte la sénatrice de l’Aisne.

Une préoccupation régionale

Parmi les 28 sénateurs des Hauts-de-France, 15 font partie des signataires, dont la majorité dans le Nord. Il faut dire que ce département est le deuxième, derrière Paris, dans lequel le 3919 (numéro d’urgence pour les victimes de violences conjugales) enregistre le plus d’appels.

Face à l’augmentation de ce type de crime, le gouvernement a annoncé le lancement d’un "Grenelle des violences conjugales" dès le mois de septembre. Une mesure loin de convaincre les collectifs féministes qui demandent des actions concrètes, et en urgence.

"Ce n’est pas suffisant de faire de la communication sur les réseaux sociaux", souligne Pascale Gruny, "il faut une réelle prise de conscience de chacun, il faut pouvoir repérer les premiers signaux d’alerte, une femme violentée, que ce soit de manière physique ou mental, ne va pas forcément se manifester d’elle-même."

Déjà cinq cas dans les Hauts-de-France

Sur l’ensemble de la région, d’après le collectif "féminicides par compagnons ou ex", on recense déjà 5 femmes tuées depuis le début de l’année.

Le 16 janvier, Séverine Béors, 46 ans et mère de cinq enfants, est morte étranglée par son mari dans leur domicile de Mareuil-sur-Ourcq, dans l’Oise. D’après ses proches, elle était victime de violences conjugales depuis plusieurs années et avait déjà porté plainte contre son compagnon. Le mari, lui, s’est pendu peu après.

Le 14 février, Gaëlle Vahoury, 22 ans et enceinte de six mois, a été retrouvée poignardée dans une chambre d’hôtel à Glisy dans la Somme. Là aussi son compagnon s’est suicidé quelques heures plus tard.

Le 22 mai, Marilyne, 49 ans et mère de famille, décède après avoir reçu une vingtaine de coups de couteau dans le corps, dans son appartement de Villeneuve-d’Ascq dans le Nord. Son ex-compagnon s’est présenté le jour même au commissariat pour avouer le meurtre.

Le 27 mai, Nathalie Debaillie, 47 ans et mère de deux enfants, a été enlevée à Lille puis tuée à coups de cutter à La Madeleine dans le Nord. Se sentant déjà menacée, elle avait déposé quelques jours plus tôt une main courante, et une plainte deux mois avant sa mort. Son ex-compagnon a été mis en garde à vue et écroué.

Le 27 juin, une femme de 47 ans a été retrouvée morte chez elle à Coudekerque-Branche. Une semaine plus tard, un homme, déjà connu des services de police pour violences conjugales, menaces de mort et appels malveillants, reconnait avoir tué son amante de 13 coups de couteau. Il a été mis en examen et écroué pour homicide volontaire.

Les sénateurs signataires de la région
Pascale Gruny, Yves Daudigny et Antoine Lefèvre dans l’Aisne.
Éric Bocquet, Jean-Pierre Decool, Martine Filleur, Michelle Gréaume, Olivier Henno, Valérie Létard et Brigitte Lherbier dans le Nord.
Cathy Apourceau-Poly, Catherine Fournier, Jean-François Rapin, Sabine Van Heghe et Jean-Marie Vanlerenberghe dans le Pas-de-Calais.

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