Chroniques

Les écornifleurs

J’ai appris un nouveau mot cette semaine à l’occasion des questions d’actualité au gouvernement. J’interrogeais le gouvernement sur le rapport de l’Observatoire fiscal européen, publié lundi dernier. Il nous apprend que les grandes entreprises ont transféré l’année dernière 1 000 milliards de dollars vers les paradis fiscaux mondiaux.

1 000 milliards de dollars, 950 milliards d’euros, une somme vertigineuse qui correspond au PIB cumulé du Danemark et de la Belgique, elle est aussi égale au triple des recettes du budget de la France. Nous y apprenons que les milliardaires ont un taux effectif d’imposition compris entre 0 et 0,5 %, en raison de l’utilisation fréquente de sociétés-écrans pour éviter l’impôt sur le revenu.

Ce gouvernement a la phobie de l’impôt, il s’ingénie continûment à baisser les impôts, c’est une véritable croisade pour les libéraux qu’ils sont, il rogne ainsi lui-même ses propres recettes. Au moment où, après la pandémie, les besoins sont si immenses. Cette concurrence fiscale entre les États est désastreuse et vide les caisses des budgets nationaux. L’argument libéral qui pointe qu’il y a évasion fiscale car les impôts sont trop élevés ne résiste pas à la réalité : malgré la baisse constante des prélèvements sur les entreprises, la fuite des profits reste identique et son volume ne cesse d’augmenter.

Madame Olivia Grégoire, la ministre qui me fit réponse, explique que son gouvernement était très mobilisé sur le sujet… Pourtant la majorité a fait adopter un amendement visant à alléger les impôts des grandes fédérations sportives internationales (style FIFA) afin de les attirer à Paris. En effet, ils sont mobilisés… À la fin de son propos, elle eut cette phrase : « Nous voulons être intraitables contre les écornifleurs qui pratiquent la fraude sociale. » Écornifleur a comme synonyme parasite ou pique-assiette.

À l’évidence, nous ne sommes pas sur la même cible…

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