Chroniques

Premiers de cordée 2020

La chronique d'Eric Bocquet - Vendredi 24 juillet 2020

Vous n’y échapperez pas les amis. Juillet vient de s’installer et revoici l’exercice incontournable, le marronnier, le numéro spécial de « Challenge » et son classement des 500 premières fortunes de France. L’édito nous indique d’emblée des nouvelles rassurantes de notre élite économique. En cette année si particulière les grandes fortunes sont sorties presque indemnes du Covid. Globalement, nos « 500 » ont vu leurs actifs professionnels progresser de 3% en un an, le vrai « pognon de dingue » !

Toutefois, une observation regrettable, les riches français se montrent peu philanthropiques. Cette phrase m’incite donc à me reporter à l’article consacré au sujet en page 82. Son titre, « Une générosité en pointillé ». Même le secrétaire d’Etat chargé de la vie associative, Gabriel Attal, s’en est ému le 20 mai, déclarant : « En France, les milliardaires ne donnent pas assez. Cette crise va propager la misère et creuser les inégalités, je souhaiterais de leur part des paroles et des actes forts afin d’afficher leur solidarité ». Ma parole, il va finir par se les mettre à dos ! Cela dit, pour l’instant l’appel n’a guère eu d’écho.

Un économiste a dressé récemment un constat peu glorieux, le top 1% des Français les plus aisés donne moins de 1% de ses revenus, deux fois moins que les Britanniques et quatre fois moins que les Américains alors que les incitations fiscales au don sont, en France, les plus généreuses du monde. Evidemment, les intéressés argumentent avec cette insupportable pression fiscale dans l’hexagone. Bernard Arnault, notre champion, rappelle volontiers être « l’un des premiers contributeurs personnels au fisc… » mis à part pour ce qu’il a mis de côté à Bruxelles.

Cependant, alors que la taxation s’est allégée depuis 2017, les dons n’ont pas augmenté, au contraire. Les riches sont néanmoins à l’initiative en créant une association fin 2018 « Changer par le don ». Sanofi et Axa sont à la manœuvre, objectif donner au moins 10% de ses revenus ou de sa fortune. Ces deux figures du capitalisme hexagonal espéraient convaincre 400 signataires, ils ne sont que 81… quand ça veut pas…

Finalement, pour mettre la richesse au service de l’intérêt général, rien ne vaut un bon système fiscal avec des tranches plus élevées, taxation des dividendes, de la fortune. Aidons-les s’il vous plaît, ils veulent payer…

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