La semaine dernière, dans le cadre d’un travail parlementaire sur le sujet de la dette publique, j’ai eu l’occasion de participer à une mise aux enchères de la dette française.
Je souhaitais effectivement assister à une séance d’adjudication en direct.
Le lieu d’abord, cet événement se déroule dans les murs de « l’Agence France Trésor », située au neuvième étage du paquebot de Bercy, dans le bâtiment Colbert, dont un buste monumental trône dans les locaux. La mission de l’AFT est double : d’une part, elle doit assurer la gestion de la trésorerie de l’Etat, d’autre part, elle est chargée de gérer la dette de la France.
Nous avons donc assisté à une adjudication le lundi 25 octobre dernier, à 14h50. L’horaire est précis, fixé à l’avance, les banques habilitées à émettre des offres, sélectionnées par Bercy tous les 3 ans, envoient leurs propositions que l’on voit s’afficher à l’écran jusqu’à la fin du compte à rebours figurant sur le chronomètre de l’écran. Tout s’arrête lorsque le zéro s’affiche au compteur.
Les agents face aux écrans s’affairent, font le point des offres et les impriment. Ce jour-là, la France a émis trois emprunts pour un montant total de 6,5 milliards à des taux négatifs, -0,736% sur trois mois, -0,685% sur six mois, -0,636% sur un an.
Ces sommes seront ensuite versées dans les 48 heures sur le compte de l’Etat à la Banque de France. Le budget national a prévu cette année que la France emprunte 260 milliards d’euros, pour 2022, il est prévu que nous empruntions le même montant.
Ce qui est hallucinant dans ce moment, c’est l’écart saisissant que l’on constate après cette séance, notre pays que la plupart des gouvernants successifs (depuis des décennies) disent surendetté, au bord de l’Apocalypse, trouve des prêteurs avec une facilité déconcertante, qui plus est à des taux négatifs !
Je n’ose imaginer la tête de votre directeur/directrice d’agence bancaire à qui vous demanderiez un prêt à taux négatif alors que vous êtes à découvert.
C’est ce paradoxe hallucinant qui m’a amené à réaliser un travail sur la dette publique, qui est bien à mon avis un sujet politique de fond !
Nous en parlerons très bientôt.