Chroniques

Chronique d’un second tour…

La 5ème circonscription du Nord s’est donnée un député RN. C’est évidemment une première. Il a battu une jeune candidate présentée par la NUPES.

Dimanche soir, j’étais assis à une table de dépouillement, j’alignais les petits bâtons sur les feuilles de pointage. Les deux premières centaines dépouillées, curieusement, plaçaient largement en tête la candidate de gauche, 51 et 48 voix contre 40 et 37 pour le candidat RN. Première douche froide quand on m’annonce le résultat global sur la commune : RN 323, NUPES 322… On nous dit parfois qu’une voix ne fait pas la différence… Voilà la preuve du contraire.

Quelques instants plus tard, un ami m’envoie les résultats totaux pour la ville voisine d’Annœullin, le RN obtient 55,8 % des suffrages, la NUPES 44,2 %... Là, le doute s’installe et l’on comprend très vite ce qui est en train de se produire dans la circonscription, le pire vient de survenir. Certains disaient ne vouloir soutenir ni la peste ni le choléra, ils auront la peste quand même. Ce vote vient de loin, il s’ancre en profondeur dans le sol au fil des années. Le terreau, c’est la mal vie dans toutes ses dimensions, je ne vais pas jouer ici les analystes, les sociologues, à chacun son travail.

Il y a sans doute dans ce vote de la colère contre les licenciements chez Cargill, à Haubourdin. Il y a sans doute le désespoir de ces milliers de familles qui sont en attente d’un logement depuis trop d’années. Colère aussi, même rentrée, contre la fermeture des services publics dans nos villages et quartiers, la Poste, la perception, la maternité, qui laissent tomber toute la population. Des inégalités qui explosent comme partout, les fins de mois qui commencent de plus en plus tôt chaque mois.

Insupportable aussi ce mépris de nos gouvernants à l’endroit de « ceux qui ne sont rien ». Quelques échanges au bureau de vote autour d’un verre de « réconfort ». On se rappelle la Présidentielle de 1974 où Jean-Marie Le Pen, candidat pour la première fois, avec un bandeau sur l’œil gauche, réalisait un score de 0,75 % (190 921 voix), et nous voilà 48 ans plus tard avec 89 députés RN à l’Assemblée.

L’extrême droite, c’est bien l’acteur indispensable pour assurer la pérennité du système capitaliste, qui produit le terreau sur lequel elle grandit, en détournant l’attention vers l’immigration et l’insécurité.

De manière inexorable ? Je ne le pense pas, à condition que l’on reconstruise un espoir progressiste et humaniste.

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