Chroniques

Conseil d’ami

McKinsey, vous connaissez ? Il ne s’agit pas d’un bon whisky écossais tourbé 12 ans d’âge. Non, ce nom est apparu il y a quelques semaines lorsque l’opinion publique a appris que le gouvernement avait sollicité les services de ce grand cabinet de conseil américain pour épauler le ministère de la Santé afin de cadrer et coordonner la campagne de vaccination, notamment sur la question relative à la logistique…

Un ange passe… ça prêterait à sourire si la situation sanitaire n’était pas aussi grave. Il se dit dans la presse que McKinsey aurait déjà encaissé 100 millions d’euros pour cette mission. Ce cabinet fait partie des très grands mondiaux, a ses entrées au CAC 40 et dans la plupart des ministères. Son influence au sommet des États comme des grandes entreprises est considérable. On les recrute souvent sur des missions de type réduction des coûts (du travail bien sûr) ou encore la maximisation du profit.

Le quinquennat de Nicolas Sarkozy a amplifié cette présence, en même temps qu’était organisé l’affaissement de l’État. Ces dernières années, les grandes boites de conseil ont fait leur nid auprès de l’appareil d’État.

McKinsey a déjà obtenu des résultats, ils ont largement inspiré la RGPP (Révision générale des politiques publiques) de Sarko. Ils ont enfanté le plafond des indemnités pour « améliorer » le coût du travail ou encore ils ont initié la « politique de l’offre » de Hollande… Un ancien du cabinet McKinsey dira un jour : « ces ingénieurs, certes brillants, ne raisonnent qu’en faisant des équations ».

Il y a quelques années, en 2014, la Cour des Comptes rendait un rapport au Sénat estimant que «  l’administration ne mobilise pas suffisamment les nombreuses compétences dont elle dispose en son sein  ». La Cour estimait que ces cabinets servaient de « cautions techniques » avec pour effet « une dilution de la responsabilité des décideurs publics » et donc de leur crédibilité à mon avis. L’État est devenu consulto-dépendant.

Au fait, une info du 5 février dernier, le cabinet McKinsey vient d’être épinglé par la justice américaine pour fraude. Il a dû payer 573 millions de dollars d’amende pour avoir aidé un géant pharmaceutique américain a booster ses ventes d’un médicament qui a fait des ravages et de nombreuse victimes aux États-Unis.

Comme disait Eric Woerth, Président de la Commission des finances à l’Assemblée Nationale : «  Il faut être pragmatique, les expertises que l’on n’a pas, on doit les chercher là où elles sont ». Bof !

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