Chroniques

L’argent des « pauvres »

En cette période de pouvoir d’achat en berne pour des millions de nos concitoyens, chaque dépense est scrutée par les ménages afin d’éviter les découverts en fin de mois et la sanction des frais bancaires. Mais même la plus grande vigilance n’empêche pas les situations difficiles pour beaucoup d’entre eux. Les Français payent cher le service des banques, en moyenne près de 220 euros par an, un montant qui progresse régulièrement.

Ce système de frais bancaires permet de réaliser de juteux bénéfices : BNP Paribas, Crédit Agricole, Crédit Mutuel Alliance Fédérale, Société Générale et BPCE ont accumulé en 2021 près de 32 milliards d’euros de profits, en hausse de 27 % par rapport aux résultats de 2019, avant la pandémie. Ainsi, les prélèvements ou chèques rejetés ne rapportent pas moins de 1,8 milliard d’euros aux banques. Si le prélèvement est rejeté, toutes les banques appliquent systématiquement des frais au plafond légal de 20 euros. Pour mémoire, les frais de tenue de compte avaient triplé entre 2013 et 2017.

Une autre cause de la hausse des frais bancaires tient à la disparition progressive des distributeurs automatiques de billets, chaque année. Ceci oblige les clients à effectuer des retraits auprès de DAB de banques concurrentes.

Selon un baromètre publié par IPSOS et le Secours populaire, 18 % des Français déclarent vivre à découvert. Dans cette situation, il suffit souvent d’une dépense imprévue ou d’une perte subite de revenus pour basculer en situation d’impayé. Les commissions d’intervention sont limitées à 8 euros par opération et 80 euros par mois, mais les frais d’incident ne sont, eux, pas plafonnés mensuellement. En 2023, ce sont 121 617 dossiers de surendettement qui ont été déposés à la Banque de France. Le problème de fond évidemment c’est la pauvreté et la précarité.

Débattre dans cette campagne des élections européennes du pouvoir d’achat et de la fiche de paye est une absolue nécessité.

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