Chroniques

La République en sous-traitance

La commémoration du 10 mai 1981 nous amène aussi à évoquer le contexte économique et politique mondial de l’époque.

Au Royaume-Uni, Margaret Thatcher était au 10 Downing Street depuis deux ans, et à la Maison Blanche, un cow-boy venait de s’installer, Ronald Reagan. Lors de son discours inaugural, le nouveau Président des Etats-Unis eut cette formule restée célèbre : « l’Etat n’est pas la solution, l’Etat c’est le problème ». Ces quelques mots résument parfaitement la nouvelle idéologie du néo-libéralisme qui s’installait dans le monde ; sa philosophie centrale reposait sur la seule vérité du Marché, traduction concrète, financiarisation, privatisations, réduction de la dépense publique pour l’essentiel.

La France résista quelques temps puis finit par céder à la pression du Marché et du libéralisme. Et depuis le travail de réduction du rôle et du poids de l’Etat en France n’a pas cessé. Un rapport récemment publié nous présente une synthèse intéressante sur le sujet. Son titre : « 160 milliards d’externalisation par an : comment la puissance publique sape sa capacité d’agir ».

Externalisation veut dire confier à un acteur privé la réalisation de tout ou partie de l’action publique, c’est l’histoire des concessions et délégations de service public. Ce mouvement a connu une accélération récente que l’on peut dater du milieu des années 1990. Le recours à l’externalisation peut aujourd’hui être estimé à 160 milliards par an, le recours désormais massif à l’externalisation soulève des questionnements qui mettent en jeu la capacité de la puissance publique à agir au quotidien et à prendre des décisions souveraines…

A partir du XVIIIème siècle, cette externalisation fut cantonnée à la construction des infrastructures nécessitant un apport important de capitaux : canaux de navigation au XVIIIème, puis les chemins de fer, éclairage public ou adduction d’eau potable par exemple. Cette intervention technique et financière s’accompagne aussi de l’installation progressive d’un cadre intellectuel, idéologique nouveau et amène entre autres la RGPP (Révision Générale des Politiques Publiques) entre 2007 et 2012, la MAP (la modernisation de l’action publique) sous François Hollande, avec baisse de l’emploi public en fil conducteur.

Nous ne voulons pas du tout Etat, nous avons besoin d’un Etat fort, souverain et efficace.

Prenons garde qu’une République sous-traitée, ne finisse pas mal traitée !

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