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Monsieur le Président, je vous fais une lettre…

La chronique d'Eric Bocquet - Vendredi 3 mai 2019

… que vous ne lirez certainement pas mais, au lendemain de votre conférence de presse qui devait changer la face du monde, vous aviez dit que nous ne pourrions pas reprendre le cours de nos vies comme s’il ne s’était rien passé…

Alors, j’ai écouté avec beaucoup d’attention l’ensemble de votre prestation, j’ai failli dire « prestidigitation » … J’ai pris beaucoup de notes, je les ai relues et je cherche encore, à cet instant, les réponses aux revendications des « gilets jaunes » devenues celles aussi de l’immense majorité de nos concitoyens.

Monsieur le Président, vous avez été excellent… sur le diagnostic, sur l’humilité aussi : « j’ai beaucoup appris… ce moment m’a transformé », le problème étant que vous êtes le seul à avoir changé durant ces 6 mois de crise. Votre politique assumée, celle-là même qui est à la source de ce mécontentement, vous ne la changerez pas !

Oh certes, vous y avez mis beaucoup d’humanité… dans les termes uniquement : « l’homme au cœur de notre projet… remettre l’humain au cœur… l’humain au centre… une société plus humaniste, plus humaine… » Mais les actes, Monsieur le Président, ils sont où ?

Vous allez jusqu’à reconnaître que les revendications du peuple sont justes, ah, vraiment, ça commençait bien. « Nous sommes les enfants des Lumières » avez-vous dit, mais à l’heure qu’il est nous nous enfonçons dans l’obscurité libérale, sous l’ombre toujours plus menaçante d’une finance surpuissante, omniprésente, vorace et impitoyable.

Vous annoncez vouloir redynamiser la démocratie en réduisant le nombre de parlementaires… et en tirant au sort des citoyens. Vous venez d’inventer la « démocratie tombola », ichi in appelle cha aller à l’ducasse !

Monsieur le Président, l’exercice de communication était léché, bien préparé, vous êtes indiscutablement très à l’aise, tout le monde en conviendra, mais sincèrement, comment pouvait-il en être autrement ? Vous avez, jeudi dernier, apporté vos réponses personnelles aux questions que vous aviez-vous-même imposées pour ce grand débat, sans réelle contradiction…

Monsieur le Président, nous n’avons, à aucun moment, entendu dans votre bouche le mot « salaire », par contre vous allez demander aux Français de travailler plus… du déjà vu ! L’évasion fiscale, 40 secondes, la Cour des Comptes va s’intéresser au sujet… rien d’urgent, on a fait tout ce qu’il faut…

Les vraies réponses ne viendront jamais de votre camp, l’histoire suit son cours, pour un autre monde.

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