Chroniques

Très hauts salaires

La chronique d'Eric Bocquet - Vendredi 17 juillet 2020

L’INSEE a publié une étude récemment sur les plus hauts salaires en 2017. Les 0,1% les mieux payés captent la plus grande part de la masse salariale depuis un demi-siècle. Le profil type de ces hauts salaires, un homme, parisien et âgé. Selon cette étude publiée le jeudi 28 mai, les 1% les mieux payés des salariés du secteur privé touchaient en 2017 une rémunération supérieure à 8 680 euros net par mois, soit 4,5 fois le salaire médian et 7,5 fois le salaire minimum. On pourrait ajouter, à cette échelle, le seuil de pauvreté (1 026 euros en 2019 selon l’INSEE).
Ces1% représentent 163 000 salariés et ils sont à 23% soit des cadres administratifs et commerciaux, soit des ingénieurs et des cadres techniques.

L’intérêt de cette étude réside dans le fait qu’elle permet de montrer que le néolibéralisme n’a pas que creusé les écarts entre les salariés et les détenteurs du capital, mais il a aussi creusé l’écart entre les salariés. On sait à quel point la question des salaires est toujours au centre des préoccupations des citoyen.ne.s, et régulièrement, nos gouvernants nous expliquent que le poids des salaires nuit à notre compétitivité, le « coût du travail », jamais un mot sur le coût du capital, des dividendes. Et, en cas de coup dur, ce sont toujours les salariés qui payent la note.

On pouvait corriger en partie ces disparités avec une fiscalité beaucoup plus progressive, notamment depuis les années 1980. A l’époque, le taux maximal d’imposition des hauts revenus pointait à 65% contre 45% en 2020. Autrement dit, l’impôt est bien moins proportionnel aujourd’hui qu’il y a 30 ans de cela. C’est pour cette raison que nous combattons inlassablement la suppression de l’ISF et le plafonnement de la taxation des dividendes à 30% (alors même qu’ils explosent !).

Les données de l’INSEE, au fond, viennent démontrer l’idée que ce qui est récompensé n’est pas l’utilité sociale des métiers mais leur utilité pour le capital. Il y a bien eu transfert de richesse des salariés vers le capital… Le Macronisme n’y a rien changé.

Il s’agit bien d’une politique de droite on ne peut plus classique !

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