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Courrier au Ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique

Non à la restructuration/délocalisation de Vallourec, un groupe en pleine santé

Ce 23 mai 2022, Michelle Gréaume a souhaité interpeller Bruno Le Maire, Ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, sur l’annonce faite par le groupe Vallourec d’une restructuration, qui s’apparente fortement à une délocalisation.

Monsieur le Ministre,

Le groupe Vallourec, spécialiste mondial des tubes sans soudure, a annoncé un nouveau et énième plan de restructuration se traduisant par 2 900 suppressions d’emplois en Europe dont 2 400 en Allemagne, 70 en Ecosse, 320 en France. Sur le territoire national 65 postes doivent être supprimés au siège central de Meudon, 60 au centre de services de Valenciennes, 100 à Aulnoye-Aymeries et 104 à Saint-Saulve, entrainant la fermeture d’un site qui comptait encore 1 400 salariés il y a 8 ans.

C’est très concrètement un savoir-faire et une compétence reconnus qui risquent de disparaitre totalement du territoire national, les actionnaires et la direction du groupe poursuivant la délocalisation de l’activité hors de France, en Chine et au Brésil notamment.

Cette restructuration et ces licenciements sont d’autant plus insupportables que la situation du groupe est loin d’être mauvaise et les perspectives encourageantes. Vallourec n’est pas en difficulté sur ses marchés traditionnels du gaz et du pétrole et les enjeux liés à la transition énergétique ouvrent de nouveaux marchés potentiels à moyen et long terme. L’année 2021 a vu également un redressement des résultats financiers.

Nous sommes une fois de plus face à des licenciements financiers dans le but de renforcer la profitabilité comme le reconnait à demi-mots Hubert Paris, le directeur Europe-Afrique du groupe, dans un entretien à la presse régionale.

L’Etat et le gouvernement sont directement interpellés par cette situation et ne peuvent rester sans réaction. En effet, Vallourec a bénéficié de fonds publics considérables, près de 1 milliard d’euros depuis 2005, à travers notamment des recapitalisations et des crédits d’impôts. Il a également obtenu l’an dernier 262 millions au titre du Prêt Garanti par l’Etat (PGE). La question des garanties exigées en matière de maintien de l’emploi et des activités sur le territoire national en contrepartie des fonds publics accordées est légitimement posée.

Tout comme se pose celle du retrait de la BPI qui ne détient plus que 2% du capital contre 15% auparavant, la privant de tout pouvoir d’intervention au grand profit du fonds vautour américain Apollo dont un des titres de gloire est l’asphyxie d’Ascométal dans le secteur des aciers spéciaux.

Je vois dans ces faits une contradiction profonde avec l’ambition à nouveau confirmée par le Président de la République et le nouvel exécutif de relocaliser et défendre les secteurs industriels stratégiques.

L’Etat doit au contraire assumer toutes ses responsabilités, se montrer beaucoup plus exigeant vis-à-vis d’un groupe qui a largement bénéficié des fonds publics dont l’utilisation doit être plus strictement encadrée et contrôlée, afin de trouver les solutions permettant de pérenniser l’emploi et le savoir-faire industriel.

Persuadée que ce courrier retiendra toute votre attention, je vous prie d’agréer Monsieur le Ministre, l’expression de ma haute considération.

Michelle Gréaume
Sénatrice du Nord

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