Questions au gouvernement

Question écrite au Ministre de l'économie et des finances avec réponse

Avenir du groupe Renault et de ses salariés

Question publiée au Journal Officiel le 4 juin 2020

Éric Bocquet attire l’attention de M. le ministre de l’économie et des finances sur l’annonce faite par le groupe Renault de la suppression de 15 000 emplois dans le monde et de 4 600 postes en France, et ce, sous couvert d’un plan d’économies de plus de 2 milliards d’euros sur trois ans. Cette annonce cinglante tombe telle la lame d’une guillotine sur la nuque des salariés et suscite colère, incompréhension et indignation. Dans le département du Nord, deux sites seraient fortement impactés ; : le site de Douai et le site MCA de Maubeuge (filiale de Renault). Deux sites qui seraient d’ailleurs mis en concurrence dans la création d’un éventuel pôle d’excellence autour du véhicule électrique et du petit utilitaire. Cette annonce faite par le groupe Renault, sans aucune concertation, ne peut être acceptée. L’État a un rôle majeur à jouer pour éviter cette casse sociale, d’autant plus qu’il est actionnaire du groupe à hauteur de 15 %. D’autant plus également que le groupe Renault a des comptes à rendre, lui qui a perçu notamment l’obole du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE). Enfin, il est à noter que cette annonce fait porter de grandes inquiétudes légitimes notamment chez les sous-traitants, les élus locaux, et dans les bassins de vie du Douaisis et de la Sambre-Avesnois dont les indicateurs sociaux et économiques sont déjà dans le rouge. Il lui est par conséquent demandé ce que compte mettre en place le Gouvernement pour éviter cette terrible casse de l’emploi.


Réponse de M. le ministre de l’économie, des finances et de la relance publiée le 24/12/2020

L’entreprise Renault a présenté le 29 mai 2020 un projet de plan d’économies visant à réduire de 2 milliards d’euros les coûts fixes du groupe d’ici 2022. Ce projet a été dévoilé alors que l’entreprise se trouve aujourd’hui dans une situation particulièrement critique.

Renault fait face à un problème de surcapacité majeur : en particulier son appareil de production et son ingénierie sont surdimensionnés par rapport aux ventes actuelles et aux perspectives des prochaines années. Ce constat a été fait par la direction de l’entreprise avant la crise liée au Covid-19, constatant l’échec de la stratégie précédente de course aux volumes.

La crise actuelle ne fait qu’en renforcer la nécessité. Aujourd’hui, c’est la capacité de l’entreprise à rester compétitive et à relever les enjeux de transformation du secteur de l’automobile qui est en jeu. Cela est impératif pour que Renault maintienne et développe son leadership sur les véhicules électriques, qui sont la clé de son avenir et sécurise sur le moyen terme en France le centre de la recherche et de développement du Groupe.

Pour autant, comme l’a rappelé le Président de la République le 26 mai, l’inflexion majeure de la stratégie de Renault qui est portée par ce plan ne saurait intervenir sans que l’ensemble de parties prenantes dispose d’une visibilité claire et de garanties sur leur avenir. C’est à ce titre que s’est tenue le 2 juin 2020, au Ministère de l’Economie et des Finances, une réunion dédiée à la stratégie industrielle du groupe Renault dans département du Nord, en présence du président de Renault, les représentants syndicaux et élus des Hauts-de-France.

Cette réunion a permis de convenir d’un cadre clair afin que s’ouvre immédiatement un dialogue social et technique, pour mettre au point un projet industriel d’avenir qui préserve l’emploi et le niveau d’activité de l’usine de Maubeuge, jusqu’en 2023 et au-delà. Les discussions doivent maintenant se poursuivre, comme s’y est engagé le président de Renault Jean Dominique Senard, dans le cadre des concertations qui seront menées dans le cadre du dialogue social de l’entreprise (processus d’information – consultation des instances représentatives du personnel). Cette concertation, qui doit également associer les élus locaux selon des formes à définir, constitue un préalable à la mise en œuvre de ce plan d’économies par Renault.

Aucune décision ne sera prise sur des transferts d’activité tant que cette concertation n’aura pas abouti. Une nouvelle réunion, présidée par le ministre de l’économie et des finances, en présence des élus, des représentants des salariés et de la direction de Renault aura lieu en septembre afin de suivre au plus près l’évolution de ce dossier. Renault doit trouver le chemin d’une compétitivité retrouvée dans le cadre d’un dialogue social exemplaire. C’est cet objectif qui guide l’action de l’État en tant qu’actionnaire de référence de cette grande entreprise industrielle française

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