Monsieur le Président,
Madame la Ministre,
Mes cher.e.s collègues,
Chaque année, lors des discussions budgétaires, le groupe CRCE-K dénonce le désengagement progressif mais de plus en plus marqué de l’Assurance Maladie dans la prise en charge des dépenses de santé des Français. Pourtant, chaque année, inexorablement, 80 milliards d’euros d’exonérations de cotisations sont décidées, fragilisant l’équilibre financier de notre système de santé.
Ce retrait de l’Assurance maladie se fait au profit des complémentaires santé, dont la part de prise en charge ne fait que croître, les rendant aujourd’hui indispensables pour pouvoir se soigner. Même le fameux reste à charge à 0€, ou 100 %, pour le dentaire, l’ophtalmologie et les prothèses auditives est concerné, qui transfère aux complémentaires, donc au malade, le remboursement du montant restant dû. Un effet d’aubaine qui n’a pas échappé à nombre d’entre elles, s’empressant d’augmenter leurs tarifs, hors de toute réalité.
De réel reste à charge zéro, il n’y a donc point.
Ajoutons également, l’impact non négligeable du niveau de taxation, 14,1% pour les contrats solidaires, 21,1% pour les contrats individuels.
Ainsi, le tarif des mutuelles a subi une énième augmentation en ce début d’année 2024, selon les estimations de + 8,1% à + 10% en moyenne, + 25, voire même + de 30% pour les retraités.
Cumulées à l’inflation et à la baisse du pouvoir d’achat, ces hausses sont, en effet, encore plus insupportables pour les personnes qui ne bénéficient pas de contrats collectifs, comme les étudiants, les indépendants ou les retraités.
Pour certaines personnes, la couverture santé devient le premier poste de dépenses, avant même l’alimentation, faisant grandir le risque de non-souscription à une complémentaire et à terme, de renonciation aux soins. Au niveau national, ce sont aujourd’hui 4 millions de personnes qui vivent sans complémentaire, dont 925 000 dans mon seul département du Nord.
Les récentes annonces du gouvernement comme le doublement des franchises médicales, pour ne citer que cet exemple, tout comme l’explosion des dépassements d’honoraires chez certains praticiens (non-OPTAM ou non conventionnés), ne peuvent qu’aggraver cette situation.
Madame la ministre, je reste convaincue que l’égal accès à la santé de toutes et tous réside dans la prise en charge intégrale des soins par l’Assurance maladie. Mais dans l’immédiat il y a urgence à agir pour endiguer les hausses tarifaires des complémentaires et réduire les inégalités induites.
Quelles mesures, au-delà des simples paroles, compte prendre le gouvernement en la matière ?