A bord de la camionnette de l’Auberge des migrants, un vendredi d’automne venteux et pluvieux, les sénateurs ont voulu se rendre sur les lieux de survie des personnes exilées. Ils étaient conviés par Amnesty International Nord, Pas de Calais, Somme qui alerte les parlementaires sur la gravité de la situation, à Calais en particulier. Ils ont pu constater la dégradation des conditions de vie depuis leur dernier déplacement en 2018 et 2019. Un nouveau cap a été franchi avec la décision par le ministre de l’Intérieur- via un arrêté préfectoral, à la demande de la maire de la ville- d’interdire la distribution des repas sur les aires habituelles.
De petits campements régulièrement délogés
Entre 1 000 et 1 500 personnes sont présentes sur ce territoire, réparties par petits campements d’où elles sont régulièrement délogées par les forces de l’ordre, tentes et effets personnels détruits ou confisqués. La ville est quasi entièrement grillagée, défigurée par des kilomètres de barbelés surplombant les treillis ou les hauts murs de béton. Pourtant, rien de tout cela ne décourage les candidats à l’exil vers l’Angleterre, prêts à tout pour espérer gagner une vie meilleure que le calvaire de leur existence.
La défenseure des droits dénonce
Eric Bocquet et Cathy Apourceau-Poly partagent les constats de la nouvelle défenseure de droits, Claire Hédon, qui dénonce dans un récent rapport, des méthodes « intimidantes », un accès à l’eau et à la nourriture « complexes », des conditions d’hygiène « déplorables » et recommande pour le moins « la mise en place d’un accueil de jour facilement accessible » pour les femmes et les enfants dont la situation est catastrophique. Ici, de nombreux mineurs non accompagnés tentent eux aussi l’aventure au péril de leur vie.
Une commission d’enquête parlementaire ?
Manifestement, les évacuations policières quasi quotidiennes ne sont pas la réponse à la présence des exilés sur le littoral franco-britannique depuis plus de 30 ans. N’est-il pas temps de réfléchir à un autre chemin, plus humain, qui respecterait les droits de ces personnes, un chemin d’écoute, de dialogue et de concertation avec les associations et les acteurs de terrain qui leur viennent en aide ? Les parlementaires plaident eux-aussi pour la création d’une commission d’enquête pour faire la lumière sur les zones de non-droit, les refoulements, la situation des mineurs non accompagnés, les conditions de vie dans les campements, la santé physique et mentale fragile des exilés, les femmes en danger, les morts aux frontières, la répression envers les militants associatifs, les demandes d’asile difficiles voire impossibles… Ils mettront tout en œuvre pour y parvenir.