Rencontres

Chez Carambar - Rencontre et courrier

On se sucre sur le dos des salariés

Malgré les dividendes vertigineux versés aux actionnaires et les aides publiques encaissées, le groupe Carambar & Co prévoit de fermer l’usine emblématique de Marcq-en-Barœul et de rapatrier une partie des personnels chez Lutti à Bondues, mais avec d’importantes pertes de rémunération et une mascarade de PSE. Inacceptable pour les salariés. Un soutien sans réserve d’Éric Bocquet.

Ils sont mobilisés depuis novembre dernier et ne baissent pas la garde, les salariés de l’usine Carambar de Marcq-en-Barœul se battent pour conserver leur emploi et leur rémunération. Éric Bocquet rendu sur place ce 29 janvier, jour de grève, pour les soutenir et dénoncer les pratiques d’Eurazeo, ce fonds d’investissement tentaculaire qui détient notamment le groupe Carambar & Co et dont la seule raison d’être est d’accroître toujours plus les dividendes pour ses actionnaires. Tous les moyens sont bons à prendre, y compris d’empocher les importantes aides publiques (c’est notre argent !) à travers notamment le CICE (300 000 euros en 2017 et 2018 !), ce qui ne les empêche pas de licencier.

On aurait tort de penser, comme on le lit ici ou là, qu’il s’agit d’un simple déménagement de l’usine de Marcq-en-Barœul vers celle de Lutti à Bondues. Les organisations syndicales unies pointent une mascarade de plan de sauvegarde de l’emploi et affirment que la société veut, sans le dire, réduire les effectifs de plus de la moitié. Les méthodes sont bien connues, d’abord du mépris à l’égard des salariés, une volonté de pourrissement de la situation et une forte dégradation du climat social entraînant de nombreux arrêts maladie notamment dus au stress créé par la crainte de l’avenir. Mais ce qui ne passe absolument pas, et on le comprend, c’est la décision de la direction de réduire drastiquement les rémunérations estimant que « les salaires sont déconnectés de la réalité ».

La dernière négociation du 28 janvier a été une épreuve supplémentaire pour les représentants syndicaux, pourtant prêts à réduire la voilure et accepter une diminution de leurs rémunérations à la condition d’obtenir des garanties. Non seulement ça n’a pas été le cas mais les « offres » initiales liées aux licenciements et aux reclassements ont été purement et simplement balayées. Pas étonnant, dès lors, de voir le conflit se durcir. Ils sortent cependant de cette « négociation » avec une seule satisfaction, celle de la désormais médiation des services de l’État (DIRECCTE).

Le sénateur ne cesse de dénoncer le monde impitoyable de la finance, le comportement déshumanisé de ces grands groupes, ces holdings hors sol, ces fonds d’investissement qui s’immiscent dans tous les domaines de la société et jouent au casino avec nos vies. Les salariés de Carambar peuvent compter sur lui pour porter au plus haut niveau leur juste combat. Dans un courrier commun avec Adrien Quatennens, ils interpelleront le ministre de l’Economie, des Finances et de la Relance, Bruno Le Maire, pour qu’il se saisisse sérieusement de ce dossier et fasse toute la transparence sur l’attribution des aides publiques à cette société qui brade emplois et salaires.


Suite à cette visite, Eric Bocquet et Adrien Quatennens ont souhaité adresser un courrier au Ministre de l’Economie, des Finances et de la Relance, pour l’alerter sur la situation des salariés du groupe.


Une réponse par mail est parvenue aux élus en retour, à découvrir ci-dessous :

« Monsieur le sénateur, Monsieur le député,

Je fais suite à votre mail et à votre sms. En effet, j’ai tenu à avoir un point précis sur le dossier.

Les négociations progressent plutôt positivement, du moins sur le volet salarial du dossier qui a constitué jusque-là un point particulièrement conflictuel depuis l’annonce le 12 novembre 2020 d’un plan de restructuration.
Pour mémoire, la société CARAMBAR & Co-qui, filiale depuis 2017 du groupe EURAZEO, regroupe notamment les marques de confiserie et de chocolat (Poulain, Lutti, Krema, Carambar, Vichy, ...) - a décidé de fermer son usine centenaire de Marcq-en-Baroeul, utilisée à 30 % de sa capacité, pour déménager la production vers le site voisin de Bondues-plus moderne et vaste- implanté à 8 kilomètres.

Les dirigeants ont par conséquent initié un PSE prévoyant la suppression de l’ intégralité des postes de travail- soit 112 au total- tout en proposant 105 postes de reclassement (90 au titre du transfert des volumes entre les deux usines et 15 liés aux besoins structurels de l’établissement de Bondues).
Si le maintien de l’emploi se trouve ainsi quasiment préservé dans son intégralité, les salariés ont cependant très mal perçu les baisses de rémunération-variant de 15 % à 20 %- qui accompagnent ce transfert.

La direction justifie sa décision à la fois par la nécessité de sauvegarder sa compétitivité sur un marché très fortement concurrentiel où la société enregistre des pertes récurrentes depuis quatre exercices (résultat net déficitaire de 10 à 15 M€/an) mais également par des niveaux de rémunération plus faibles au sein de la nouvelle usine d’accueil, ancienne propriété de la holding LUTTI SAS dont CARAMBAR & CO. a fait l’acquisition des actifs en décembre 2018.

Par-delà la seule nécessité de réduction des coûts, elle fait aussi valoir l’exigence d’une harmonisation des rémunérations sauf à entretenir- à travail égal- des disparités injustifiées, source potentielle d’un climat social dégradé.

Alors que le site de Marcq-en-Barœul était totalement bloqué depuis Noël dernier par un mouvement social dont les revendications portaient sur le maintien du niveau actuel des salaires, la proposition de médiation de l’UD-DIRECCTE du Nord-conjuguée aux échanges de la DIRE avec la direction- a contribué à renouer le dialogue entre les parties.

Aux termes de huit réunions de négociation, ces dernières se sont accordées sur un projet de protocole d’accord limitant l’impact financier du transfert et s’articulant autour des trois mesures suivantes :

  • plafonnement à 10 % de la baisse de la rémunération de base, étant entendu que la moitié de l’effectif n’enregistrera aucune diminution (bas salaires notamment), que 40 % des salariés verront leur rémunération réduite au maximum de 5 % et que seule une dizaine de personnes (principalement des cadres) sera concernée par une baisse de 5 à 10 %
  • suppression progressive sur une période de 5 ans de divers accessoires de salaires (gratifications et primes principalement) et instauration dans l’intervalle d’une indemnité différentielle temporaire
  • versement d’une prime incitative au déménagement d’un montant forfaitaire de 8 000 €.

Le dernier point d’achoppement qui subsiste à ce jour porte sur le terme du processus d’information et de consultation des instances représentatives du personnel.

Alors qu’il est initialement fixé au 04 mars prochain, les organisations syndicales ont souhaité qu’il soit repoussé de 3 à 4 semaines afin de laisser le temps d’examiner les autres mesures du PSE (aides à la formation, aides à la reconversion, mesures d’âge, ...) qui -du coup- n’ont pas encore été abordées.

Une nouvelle réunion de négociation qui s’est tenue hier après-midi permet d’envisager un consensus- ce point demeure cependant encore à être consolidé- sur une fin de procédure d’information et de consultation fixée au 18 Mars prochain.

En tout état de cause, les élus du personnel locaux aspirent à présent à trouver une solution négociée tout en demeurant sous la pression de leurs confédérations départementales et /ou régionales qui excluent- quant à elles- toute perspective de baisse de salaire.

Le site n’est plus bloqué depuis une dizaine de jours, même si la production est encore très loin d’avoir retrouvé son rythme de croisière dans la mesure où l’entreprise enregistre un taux d’absentéisme (absence maladie notamment ) qui atteint les 40 %.

En résumé :

  • un dossier où le groupe entend maintenir la quasi-totalité des emplois sur un périmètre géographique de moins de 10 kms
  • un impact financier du transfert qui- par la voie de la négociation- se trouve à présent sensiblement atténué pour le personnel au regard du projet initial, et notamment pour les bas salaires
  • un groupe qui entend redynamiser les marques françaises de la confiserie et du chocolat, en relocalisant leur production dans l’hexagone par la poursuite notamment d’une politique d’investissements soutenue (plus de 30 M€ depuis 2018).

Les conditions paraissent par conséquent réunies pour qu’un accord puisse être conclu mi-mars, au terme de la procédure d’information et de consultation des IRP, et sortir ainsi du dossier par le haut.

Nous continuons à rester attentif à son évolution.

Je reste à votre disposition, avec toute ma considération,

Cabinet de Bruno LE MAIRE »


La presse en parle

Voix du Nord

Cette visite a été relayée par la Voix du Nord : voir l’article en ligne

Extrait :

Éric Bocquet va gratter
Éric Bocquet est venu avec un petit dossier pour rencontrer les salariés de Carambar. Le sénateur a promis de « gratter » deux choses qui l’interpellent.

Entre 2017 et 2018, Carambar & Co aurait bénéficié d’autour de 400 000 euros de Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) « J’aimerais bien savoir à quoi cela a servi. »

L’élu des Weppes, auteur avec son frère Alain du livre « Sans domicile fisc » autour de l’évasion fiscale, est aussi allé regarder du côté de la maison-mère de Carambar & Co, la société d’investissement Eurazéo (via le groupe CPK) : « J’ai vu qu’il y avait une entité au Luxembourg : Eurazeo Funds Management Luxembourg… Je vais gratter pour voir ce qu’il y a derrière cela. »

BFM Grand Lille TV

La chaîne locale BFM Grand Lille TV y a également consacré un sujet

Marcq-en-Barœul : nouvelle mobilisation des salariés de Carambar ce vendredi, les négociations n’avancent pas
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